Financé par Erasmus+, Come Together conçoit des méthodes et outils clés en main pour promouvoir la médiation scientifique autour du climat et des enjeux environnementaux auprès d’adultes vulnérables.

Chaque article part d’un apprentissage ou d’un test du projet, puis on en tire les enseignements. Ces ressources sont coconstruites grâce à l’expertise et à l’engagement des membres de nos espaces d’échanges – médiatrices, chercheurs, acteurs sociaux – que nous remercions sincèrement.

Croiser les savoirs pour relever ensemble les défis de demain : l’approche du projet Come Together

Climat et inclusion sociale : deux enjeux souvent traités séparément. Pourtant, les publics les plus exclus sont aussi les plus exposés aux effets du dérèglement climatique, tout en restant les grands absents des actions de médiation. Une conviction s’impose : nous ne pouvons plus penser ces défis séparément..

Avec Come Together, projet européen porté par Universcience et ses partenaires, nous avons exploré une autre voie : croiser les savoirs et les enjeux sur le climat et l’inclusion. Croiser les expertises et les réalités vécues permet d’éviter les réponses en silo et de construire des pratiques qui soient réellement pertinentes.

© École de la Médiation

Réunir des professionnel·les issu·es de champs différents — médiation culturelle et scientifique, recherche, action sociale –, la démarche est simple mais n’a rien d’évident : il ne suffit pas de réunir différents acteurs ou de changer de thématique pour que la coopération advienne. Cela exige de transformer nos contenus, nos postures et nos cadres de travail.

  • Croiser les enjeux : pourquoi croiser inclusion et environnement ? Penser dès le début à l’inclusion dans les médiations sur le climat permet d’éviter plusieurs écueils fréquents et de transformer les postures : questionner les biais qui nous font supposer que les publics exclus ne sont pas intéressés, reconnaître les savoirs d’expérience souvent sous-représentés, et ancrer les thématiques dans le vécu et la capacité d’agir réelle des publics visés et non pas dans la réalités des publics traditionnels des nos actions sur le climat.
  • Croiser les expertises professionnelles : recherche, médiation, action sociale… chacun·e détient une part de la réponse. Décloisonner les expertises oblige à sortir de l’entre-soi professionnel, en explicitant les pratiques, en confrontant les angles morts. Pour que l’échange fonctionne, il faut un cadre horizontal, des situations concrètes et une valorisation des apports de chaque participant·e. Alors seulement, les complémentarités apparaissent et un sentiment de légitimité partagée émerge.

Cette approche ne gomme pas les tensions, mais elle permet de poser un espace de dialogue réflexif qui permet de construire une culture commune et d’ouvrir des perspectives nouvelles. Comme l’a dit un·e participant·e : « Nos ignorances sont complémentaires ».

En offrant un cadre, chacun a la possibilité d’apporter ses connaissances et son savoir-faire au groupe pour résoudre des questions complexes, génère un fort sentiment de légitimité partagée et d’être utile aux autres. Un membre des espaces d’espaces.

Au fil de deux années, Come Together s’est structuré autour de trois piliers :

2/ Une formation : conçue à partir des réflexions dans les espaces d’échange, elle outille les participant·es pour donner les clés afin de développer et animer des actions de médiation inclusives sur les enjeux environnementaux. Elle repose sur le croisement des savoirs, des situations concrètes, la co-construction et la réflexivité dans nos pratiques.

3/ Des actions de médiation : menées auprès de publics sous-représentés, elles ont servi de terrain d’expérimentation pour tester de nouvelles approches – enseignées durant la formation – centrées sur l’écoute, les émotions et l’engagement.

Le projet Come Together ne propose pas de recette unique. Il propose une méthode:  croiser les enjeux et expertises pour construire des médiations capables d’accompagner la transition écologique sans reproduire les exclusions sociales. C’est un appel à transformer nos contenus et postures !

Pour coordonner ce projet l’équipe de l’école de la médiation a également dû transformer certaines de nos pratiques : expérimenter une nouvelle manière de concevoir des formations, travailler avec de nouveaux types de partenaires, inventer des manières de synthétiser des savoirs professionnels, changer de grille d’observation de nos activités, faire coïncider des temporalités différentes.

Pour en savoir plus, vous pouvez consulter l’article complet (ci-dessous en cliquant sur + Aller plus loin) « Croiser les savoirs pour construire des médiations inclusives sur les enjeux climatiques », publié dans le Bulletin de l’Amcsti.

Dans cette série d’articles, nous partageons les apprentissages du projet au travers de différents moments clés de celui-ci.

Utiliser le théâtre pour libérer la parole et imaginer l’avenir face au changement climatique

Le théâtre n’est pas qu’un art de la scène. C’est un outil puissant pour permettre au public d’exprimer sa perception, ses émotions et sa vision de l’avenir sur le changement climatique et les enjeux environnementaux.

Dans Come Together, nous avons intégré le théâtre comme levier de dialogue et de transformation, afin d’engager le public autrement que par des actions classiques.

Initiation théatre © École de la Médiation

Nous avons invité les participant·es à jouer des scènes, évoquant des situations concrètes centrées sur des enjeux climatiques : transport au quotidien, été en France, biodiversité, alimentation de demain…

1. Installer un climat de confiance
Des règles claires ont permis d’instaurer un espace sûr et respectueux. L’échauffement puis l’improvisation, suivie de moments d’échange, a favorisé l’écoute active et la reconnaissance de points de vue variés. Dans ce format, il n’y a pas d’obligation à répondre comme les autres et toutes les contributions sont les bienvenues.

2. Créer un espace d’expression émotionnelle
En prenant des postures, tels des statues ou des personnages de tableau, ils ont pu exprimer des émotions rarement mobilisées dans les formats classiques, et parfois difficiles à verbaliser. Le format a favorisé la libération de la parole, les publics ont moins tendance à répondre ce qu’ils pensent que l’on attend d’eux. Cela donne l’impression de toucher du doigt leur relation au sujet, leur perception réelle, leur ressenti.

3. Orienter vers l’avenir
Après les mises en situation, les participant·es ont imaginé ensemble des scénarios futurs tels que le paysage naturel adjacent en 2050. Cela permet de passer du constat à la projection, de confronter différentes visions et pour certain·es partager des pistes d’action

L’émotion crée de l’engagement
En se connectant à leurs ressentis, les participant·es deviennent acteurs de leur réflexion.

Le récit fédère les perspectives
La mise en scène d’expériences vécues par les publics favorise la compréhension mutuelle et l’engagement collectif.

L’abstrait devient tangible
Les scènes peuvent s’appuyer sur des données réelles et des contextes locaux : les notions (scientifiques ou non) deviennent alors observables et palpables.

  • Les participant·es ont pu identifier et partager des émotions telles que l’inquiétude, l’espoir ou la motivation.
  • Les personnes peu à l’aise avec la prise de parole, l’écrit ou la maîtrise de la langue française ont pu s’exprimer.

✴︎ FUN FACT – Le défi à surmonter :

 Pour préparer à animer des parties faisant appel aux pratiques théâtrales, nous nous sommes formées avec une troupe de théâtre. Se mettre en scène, sortir de sa zone de confort demande un effort. Durant ces deux jours de formation, nous avons réalisé l’importance de commencer avec des exercices peu engageants qui mettent le groupe à l’aise avant que passer au coeur du sujet et aussi d’avoir un partenaire d’animation qui participe en tant que public.

CATHERINE & fannie, co-responsables du projet come together
  • Choisissez des scénarios proches du quotidien : alimentation, transport, énergie, risques climatiques locaux.
  • Prévoyez un temps d’expression émotionnelle avant de passer aux échanges rationnels.
  • Transformez ces échanges en pistes concrètes : projets, engagements collectifs.

Le théâtre, pensé dans cet objectif, permet de révéler ce que les chiffres et les graphiques seuls ne peuvent pas : comment les gens ressentent, perçoivent et imaginent l’avenir face aux défis climatiques.

Dans Come Together, cette approche a ouvert des perspectives nouvelles, en alliant science, émotion et action collective.

Les seniors pour parler climat à leurs petits-enfants : changer de perspective

On pense souvent à mobiliser les enfants pour sensibiliser les adultes aux enjeux climatiques. Et si l’on faisait l’inverse ?

Dans Come Together, nous avons découvert l’envie de seniors de refaire des activités scientifiques autour du climat avec leurs petits-enfants.

© Planète Sciences

1. Une activité manuelle engageante
Dès le départ, les seniors se sont projetés dans l’usage de leur station météo et ont exprimé l’envie de la reproduire avec leurs petits-enfants. Chacun·e a fabriqué un appareil adapté à son environnement (jardin, balcon, rebord de fenêtre), en restant engagé et concentré tout au long de la séance et en faisant le lien avec des appareils déjà utilisés.

2. Un prétexte pour parler climat
En fabriquant et en manipulant les instruments, les participants ont abordé les notions de météo et de climat, en évoquant les changements observés au fil du temps. Le fait d’avoir commencé par une activité manuelle a permis de susciter l’intérêt pour la suite et de libérer la parole.

3. Une transmission intergénérationnelle
Conçue pour être facilement reproduite e, l’activité répond aux besoins des seniors qui cherchent des activités lorsqu’ils gardent leurs petits-enfants, tout en leur donnant l’autonomie suffisante pour être en position de transmission de savoir-faire. C’est donc une belle opportunité de renforcement du lien entre générations autour d’un sujet clé : le climat.

  • L’expérience pratique capte l’attention
    La construction d’objets concrets motive, donne un sentiment d’utilité et facilite la compréhension.
  • Les seniors sont des relais crédibles
    Leur vécu et leur mémoire des changements passés offrent un regard unique et authentique.
  • La dimension intergénérationnelle renforce l’impact
    En partageant savoirs et gestes, les seniors peuvent transmettre bien plus que des données : ils offrent des histoires et des souvenirs.
  • Les seniors se sont pleinement investis dans l’activité. L’engagement et la concentration sont restés constants tout au long de la séance.
  • Leur motivation à  reproduire l’activité avec les plus jeunes a permis de renforcer la motivation à apprendre. 
  • Proposez des activités manuelles simples, faciles à reproduire à domicile.
  • Fournissez un protocole clair pour que l’activité puisse être refaite.
  • Encouragez les échanges d’expériences entre générations.
  • Reliez l’expérience pratique à des messages clairs sur le climat et l’environnement.

✴︎ FUN FACT

 Les seniors n’étaient pas venus pour cette activité. Ils venaient pour construire un potager. La bonne nouvelle : ils ont adoré l’atelier. Notre questionnement : seraient-ils venus s’ils avaient su que c’était pour un atelier de construction ?

CATHERINE & fannie, co-responsables du projet come together

Pour que les seniors participent pleinement il est important d’avoir un partenaire qui connaît déjà ces publics et qui est un relais de confiance. D’autant qu’en vieillissant les publics ont tendance à fréquenter de moins en moins l’offre culturelle liées aux sciences ou perçues comme étant scientifiques. Il faut donc redoubler d’efforts pour que ces publics se sentent légitimes. 

Mobiliser les seniors pour sensibiliser leurs petits enfants à travers une activité manuelle est une approche originale. En les rendant acteurs, on ouvre une voie complémentaire pour parler climat : transmettre savoirs, émotions et envie d’agir.

Dans Come Together, cette expérience a montré que la sensibilisation peut aussi se faire des grands-parents vers les petits-enfants, avec le climat comme terrain de jeu et de dialogue.

Changer de posture : écouter et échanger autrement avec un·e chercheur·se

Et si un atelier créatif pouvait ouvrir la voie à des échanges authentiques entre le public et un·e expert·e ? Dans Come Together, nous avons expérimenté cette approche à la Bibliothèque de la Cité des sciences et de l’industrie.

© École de la Médiation – Les ateliers de Céline

1.  Un atelier créatif comme déclencheur
L’activité manuelle a permis au public de s’exprimer librement, chacun·e choisissant de participer aux discussions à son rythme. L’objet manuel a servi de prétexte pour amorcer la discussion.

2. Un échange informel avec un·e expert·e
Les questions et remarques des participant·es guidaient la conversation. L’experte réagissait en direct, apportant des réponses claires et adaptées, tout en valorisant leurs idées. L’absence de diaporama, le fait que la chercheuse soit elle aussi en train de manipuler et la jauge faible ont permis de favoriser des échanges.

3.Un duo complémentaire
La médiatrice, experte dans la conduite de l’atelier créatif, et l’experte scientifique ont uni leurs compétences pour enrichir l’expérience et favoriser l’engagement.

  • L’activité manuelle libère la parole
    Elle réduit la pression de “prendre la parole” et offre des moments de recul.
  • La présence d’un·e expert·e crédibilise et valorise l’échange
    Le public n’a pas toujours l’occasion de rencontrer un·e chercheur·se ou un·e spécialiste. Dans plusieurs actions du projet, cela a été perçu comme une belle opportunité, appréciée et valorisante. Les participant·es se sentent écouté·es et pris·es au sérieux.
  • Le format informel favorise l’authenticité
    Les discussions spontanées, sans discours préparé, facilitent l’expression d’opinions sincères.
  • Identifier en amont une problématique qui intéresse vraiment les  publics, surtout s’ils n’ont pas choisi de venir. En effet il faut réussir à ce que la conversation soit engageante, que les publics se sentent libres poser leurs questions ou partager des aspects de la thématique qui fait partie de leurs pratiques. “Durant l’atelier, on a observé que certain·es participant·es de l’action sont retiré.es de la conversation ne se sentant pas concerné.es par l’aspect de la thématique abordée à ce moment-là.”
  • Gérer les équilibres dans la participation : le format étant peu formel, la régulation de la parole peut s’avérer plus complexe. Le fait que l’activité soit perçue comme une activité créative a également freiné la participation des garçons. Il est par ailleurs indispensable de choisir ou/et préparer l’intervenant à adopter cette posture d’écoute et de réaction.
  • Trouver la juste flexibilité sur les thèmes abordés : pour que l’intervenant reste dans son champ de compétence sans induire trop de frustration, tout en étant centré sur les intérêts des publics

Ce format a suscité curiosité et réflexions auprès des participants, mais aussi de la médiatrice d’aller plus loin : organiser des sessions “hors les murs” dans les lieux de vie des publics. Pourquoi pas, en reproduisant un atelier similaire sur l’alimentation dans les cantines, ou sur la biodiversité du lieu.

  • Proposez une activité adaptée à l’âge et aux centres d’intérêt du public.
  • Laissez l’expert·e réagir aux propos des participant·es plutôt que dérouler un exposé.
  • Utilisez l’activité manuelle comme levier d’expression, pas comme simple “occupation”.

Changer de posture, c’est créer un cadre où l’on fabrique, échange et apprend autrement.

Dans Come Together, cet atelier a montré qu’un geste créatif, associé à l’écoute d’un·e expert·e, peut ouvrir des discussions riches et sincères sur l’alimentation durable.

Climat et inclusion : un engagement au féminin ?

Elles sont majoritaires, et de loin. Dans le projet Come Together, les femmes représentent 90 % des participantes à la formation internationale, 70 % à la formation nationale, et 70 % des membres de nos espaces d’échanges.

Pourquoi une telle surreprésentation ? Difficile de participer à un projet sur l’inclusion sans interroger cette répartition sociale hiérarchisée des rôles et fonctions ! 

Cette sur-représentation n’est pas réellement surprenante car on l’observe dans les métiers de l’inclusion sociale en générale, mais aussi dans les disciplines  ainsi que dans les disciplines scientifiques liées aux sciences de la vie ou au care.

Les origines de ce déséquilibre sont sans doute dûes à l’éducation et à la socialisation. Les représentations de genre associent les femmes aux fonctions de soin, un imaginaire qui ferait que les femmes seraient « naturellement » plus compétentes pour s’occuper des autres (et de la planète ?).

Reste une question ouverte : comment susciter un engagement plus paritaire, pour que la lutte contre le changement climatique et l’inclusion sociale devienne véritablement l’affaire de toutes et tous ?

© Geres.eu

Se former pour agir : une formation qui transforme la posture professionnelle

Comment penser ses actions de médiation scientifique sur les enjeux environnementaux pour qu’elles s’adressent à des publics dits exclus? Les 12 et 13 février 2025, la formation nationale du projet Come Together a réuni 28 participant·es à Paris autour de cette question. Durant deux jours intenses, chercheur·ses, médiateur·rices, et acteur·rices associatif·ves ont exploré ensemble de nouvelles façons d’impliquer les publics.

Ce qui a marqué les stagiaires ? Une expérience qui ne se contente pas d’outiller, mais qui transforme la posture professionnelle.

 « On repart avec des outils… mais surtout avec une autre manière de penser le lien aux publics. »

Citation StaGiaire

© École de la Médiation

L’équipe d’Universcience a commencé par analyser attentivement les retours de la formation internationale menée en octobre dernier, avec l’objectif de rendre les apprentissages de la formation transférables dans les pratiques et accessibles pour des participant·es parfois moins expérimenté·es en médiation.

Plusieurs choix ont été faits :

  • Donner plus de place aux échanges : chaque stagiaire a pu présenter ses projets, ses idées, ses doutes.
  • Varier les interventions d’expert·es : plutôt que des conférences classiques, les formats ont alterné entre démonstrations, récits et discussions interactives.
  • Tester avant d’expliquer : des méthodes, notamment de dialogue, ont été expérimentées directement, avant de passer à leur analyse.
  • Repenser les questions : au lieu de « Qui est responsable ? », on a proposé « Comment construire un avenir durable, ensemble ? »

Des séquences sur mesure ont également été conçues, comme une définition collaborative, simple et solide de l’inclusion, un partage des pratiques pour favoriser le passage à l’action des publics, ainsi que  d’outils entre pairs. Enfin, chaque stagiaire a reçu un carnet de réflexion personnelle, outil clé pour ancrer l’expérience dans sa pratique professionnelle.

  • Un format où les stagiaires expérimentent. Pas de longs exposés descendants, mais un fil rouge : apprendre en faisant. Chaque séquence a été pensée comme un laboratoire vivant. Les stagiaires ont pu tester des techniques de dialogue avant de les analyser collectivement, échanger leurs propres expériences, confronter leurs pratiques.
  • Un climat d’écoute et de confiance, essentiel pour aborder les questions sensibles liées à l’inclusion. Les mises en situation ont aussi montré que l’on apprend mieux lorsqu’on peut immédiatement adapter les méthodes à son propre contexte.

Dès la fin des deux journées, plusieurs participant·es exprimaient un changement profond dans leur rapport à la médiation :

  • Une légitimité retrouvée pour agir :

 Ça donne envie d’agir. Et maintenant, je me sens légitime pour le faire.

Citation StaGiaire
  • Une volonté de mettre en œuvre, dès retour sur le terrain, les outils découverts.
  • Un sentiment de collectif renforcé : chaque expérience partagée a nourri les autres, créant une dynamique d’inspiration mutuelle.

La formation n’a donc pas seulement transmis des méthodes : elle a ouvert un espace où les professionnel·les ont pu s’approprier de nouvelles postures.

De cette expérience, plusieurs enseignements peuvent inspirer d’autres initiatives de formation ou de médiation :

  • Expérimenter avant d’analyser : tester une méthode de dialogue, puis en décortiquer les forces et les limites.
  • Prendre le temps des échanges : prévoir des moments où chaque personne peut partager ses projets, ses difficultés, ses questionnements.
  • Diversifier les formats : discussions tournantes, récits d’expérience, ateliers pratiques… La variété nourrit l’engagement.
  • Proposer un support personnel : créé spécifiquement pour la formation, il a été particulièrement apprécié. Simple et modulable, il invite à se poser deux questions essentielles après chaque séquence de la formation : Qu’est-ce que je retiens ? Comment puis-je adapter ce que je viens d’apprendre dans mon contexte ? Il a permis à chacun·e de garder trace de ses apprentissages et d’imaginer leur transposition dans sa réalité professionnelle.

Cet outil illustre parfaitement le cœur du projet Come Together : favoriser des apprentissages durables et transférables.

Si la formation a atteint ses objectifs, reste la question de la mise en pratique des acquis. Celle-ci dépend également du contexte de travail, du soutien des collègues, des opportunités d’appliquer ce qui a été appris. Malheureusement les évaluations à froid des formations ont un taux de réponse bas qui rend difficile l’accès à cette information.Le plus grand défi est sans doute le fait de ne pas retomber dans les habitudes une fois de retour en situation de travail. La volonté de changer est présente mais parfois sans réaliser que cela entraîne un changement radical de posture, par exemple pour avoir un regard réflexif sur les pratiques excluantes que l’on met en œuvre sans s’en rendre compte.

Une formation  transforme quand elle relie savoirs et mise en action. Au-delà des outils, c’est un changement de regard qui s’opère, donnant aux professionnel·les la confiance et la légitimité nécessaires pour agir.

Alors, et vous, dans vos propres projets, comment créez-vous ces espaces où l’apprentissage devient un levier concret de transformation ?

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Un même groupe, plusieurs séances : quels impacts pour co-construire et créer du lien ?

© École de la Médiation

Les étapes : 

1/ Mobilisation des pratiques théâtrales, déjà testées à Paris, pour recueillir les perceptions des participant·es sur le climat, la biodiversité et leur environnement quotidien.

2/ Phase d’exploration et de collecte d’échantillons (plumes, feuilles, enregistrements sonores…) et échanges avec des expert·es.

3/ Cartographie et annoter les trouvailles (impression des photos, séchage d’objets pour l’herbier).

4/ Assemblage du tout dans la carte finale (découpe du support en bois, soudures pour déclencher les sons).

  • Les missions variées permettent à chacun·e de contribuer selon ses compétences : bricolage, dessin, enregistrement, montage…
  • La présence d’expert·es passionné·es, comme Augustin Bonnardot (forestier arboriste), a enrichi les échanges par son écoute, ses anecdotes et sa bienveillance.
  • Les micro-trottoirs créent un lien entre les séances : en fin de rencontre, les jeunes partagent ce qui les a marqués ou interrogés, et cela alimente la séance suivante.

Le projet a révélé bien plus qu’une carte interactive :

  • Talents révélés : un·e jeune a mis en valeur ses compétences en électricité, un·e autre a brillé lors de l’assemblage.
  • Curiosité aiguisée , nourries par le dialogue avec les expert·es.
  • Fierté collective autour de la carte finale : l’envie d’un bel objet, réussi et porteur de sens, qui représente, d’une nouvelle manière,  un lieu que les participant·es connaissent
  • Implication indispensable des encadrant·es, passionné·es de flore et d’histoire, qui ont renforcé la solidité du projet et suscité une réflexion sur leur rôle.
  • Apprentissage collectif : ne pas sous-estimer celles et ceux qui restent en retrait, car leur contribution peut émerger plus tard.

✴︎ FUN FACT – La surprise

Bien que volontaires pour participer au programme d’insertion, les jeunes adultes ne choisissent pas leurs activités. Lors de la première séance un participant a passé son temps sur son téléphone à réaliser d’autres activités. Pas d’intérêt ? Addiction au téléphone ? Incompréhension ? Non, simplement besoin de temps et d’un format adapté pour participer. Ce jeune s’est révélé être moteur dès la deuxième séance et a même contribué au projet sur son temps libre entre les séances !

  • Proposez une diversité de missions permettant à chacun·e de s’impliquer à sa manière.
  • Valorisez les expert·es… mais sachez aussi recourir à des outils simples et accessibles.
  • Maintenez une continuité entre les séances pour renforcer la dynamique.
  • Soyez attentif·ve aux signaux faibles : une participation discrète peut se transformer en engagement fort.

La confiance se construit sur la durée. Plusieurs sessions avec un même groupe permettent de créer ce lien et d’observer les personnalités s’approprier les activités. En co-construisant le projet avec les encadrant·e·s et/ou le public, chacun·e peut trouver sa place dans un contexte pertinent.

La collaboration avec l’EPIDE se poursuit : un groupe est venu à la Cité des sciences et de l’industrie pour une médiation sur L’eau et ses enjeux lors des rendez-vous de l’Urgence Climatique. À quand la prochaine action ?

Encadrant·e : soutien ou obstacle lors des actions de médiation ?

Dans le cadre du projet Come Together, la question de la place de l’encadrant·e dans les ateliers revient régulièrement. Son rôle peut transformer la dynamique de l’atelier, de manière bénéfique ou parfois contre-productive.

Si c’était à refaire, nous débuterions sans doute l’atelier en explicitant plus précisément ce que nous attendons des personnes encadrantes.

En effet, le rôle de l’encadrant·e est un levier crucial pour la réussite des ateliers. Quand l’encadrant·e s’implique, s’intéresse et participe à l’atelier, il ou elle peut être un catalyseur pour faciliter les échanges et encourager les participant·e·s à s’investir. La personne accompagnatrice est également un allié précieux pour mieux connaître les publics, prendre en compte leurs dynamiques interindividuelles. Elle peut repérer des signes de (des)intérêt, d’(in)confort des publics et y remédier. À l’inverse, un excès d’interventions, de questions ou d’interactions peut tendre à freiner les interactions de participant·es. Dans certains cas, nous aurions voulu proposer un deuxième temps pour les personnes accompagnatrices qui pourraient être des publics à part entière !  La non-implication est également problématique : elle peut légitimer l’absence d’engagement des participant·es.

Ainsi, une question nous accompagne dans chaque action menée : comment trouver l’équilibre entre présence active et autonomie des participant·e·s ? Comment l’encadrant·e peut-il ou elle être un appui sans devenir un obstacle ?

À chaque nouvelle séance, cette réflexion mérite d’être revisitée pour créer un espace où chacun·e trouve sa place.

© École de la Médiation

Partir de l’intérêt des publics pour concevoir votre médiation

Quand on pense aux publics dits « exclus », on imagine souvent une distance avec les enjeux scientifiques ou climatiques. Dans Come Together ous avons constaté l’inverse : un intérêt vif, des connaissances solides, et une envie forte de participer.

© École de la Médiation

Partir de leurs perceptions

Nous avons ouvert la discussion par leurs propres représentations du changement climatique : évènements extrêmes vécus et impacts sur le quotidien.

Assurer la continuité dans un groupe mouvant

D’une séance à l’autre, la composition était susceptible de changert. Nous avons donc ritualisé les fins de rencontre pour : acter des décisions, fixer des repères, construire un fil rouge. Cela a permis de garder une continuité et de donner de la valeur à chaque contribution.

Donner le pouvoir de choisir

Le groupe a déterminé les thèmes et la forme finale du projet. Deux mini-expositions avec des cartels ont ainsi été créées : “Une vie sans plastique?” et l’alimentation durable ont été conçues collectivement. Pour cela, les participant·es ont lu et synthétisé des articles de presse, discuté de leurs choix, et travaillé ensemble à la rédaction de cartels.

Rencontrer une experte

Ils ont échangé avec Aglaé Jezequel, chercheuse sur l’influence du changement climatique sur les événements extrêmes, dans un format de dialogue ouvert.

L’envie de comprendre et de partager
Les personnes rencontrées n’étaient pas seulement attentives, elles étaient actives. Elles ont pris en charge l’animation de certaines activités, posant des questions précises et cherchant à confronter leurs idées.

Un rapport fort à l’actualité
La bibliothèque du centre, peu mise à jour, contrastait avec leur soif d’informations récentes. Lire, débattre, et échanger avec des expert.e.s : autant de pratiques qui leur ont permis de s’approprier le sujet et de produire le contenu final.

La rencontre avec une experte
Pouvoir poser directement leurs questions à une spécialiste du climat a été vécu comme un moment rare. L’échange a été riche, à condition que l’experte adopte une posture en réaction aux questions et réfléxions, plutôt qu’une présentation que l’on déroule.

  • Un engagement sincère : plusieurs détenu·es envisagent des projets en permaculture ou en économie circulaire à leur sortie.
  • Une fierté collective : les expositions réalisées ont marqué un accomplissement tangible.
  • Un besoin de continuité : ce public demande des formats qui reconnaissent leur implication et capitalisent sur leurs acquis.
  • Partir de leurs savoirs : commencez par ce que le public connaît, ressent et souhaite partager.
  • Assurer le fil rouge : gardez une trace des décisions et réinjectez-les à chaque rencontre.
  • Favoriser la co-construction : donnez aux participant·es une place active dans la production.
  • Prévoir un accès à des ressources récentes : l’appétence pour l’actualité est forte.
  • Soigner la posture experte : privilégier l’écoute et l’échange direct.

Intervenir avec des détenus demande de questionner nos stéréotypes et  prendre conscience d’une asymétrie de pouvoir. 

Si les médiations ont été fluides, l’anticipation des aspects liés à la sécurité et aux contraintes logistiques  sont à ne pas négliger.

Ne pas pouvoir résoudre l’ensemble des problèmes exprimés (lié au fonctionnement du lieu) peut générer un sentiment d’impuissance.

L’expérience a montré qu’un public qu’on croit éloigné peut être au contraire profondément concerné. En partant de leurs intérêts, nous avons libéré une parole riche et constructive, révélant des convictions et des envies d’agir, malgré un contexte contraint. S’appuyer sur l’intérêt et les connaissances des publics est un moyen de tisser un lien entre enjeux climatiques et pertinence dans leur contexte.

Prendre en compte les émotions pour parler climat et encourager l’action

Parler de climat ne se résume pas à aligner des chiffres et des scénarios. C’est aussi reconnaître et accueillir les émotions. Car sans elles, difficile de mobiliser durablement.

Lors du congrès de l’Amcsti et d’Ecsite, l’Espace des sciences a proposé un atelier issu du projet Come Together.

Objectif : partager un apprentissage clé du projet – l’importance de prendre en compte les ressentis liés au changement climatique et de les transformer en leviers pour l’action.

© École de la Médiation

Nous avons invité les participant·es à expérimenter un exercice ludique et puissant : le “poisson puant”. Chacun·e devait nommer une émotion négative liée au climat, l’écrire sur un papier, puis partager ce “poisson” à d’autres. Ce geste simple libère la parole et montre que l’on n’est pas seul·e à ressentir peur, colère ou impuissance. Partager ce fardeau collectif allège et crée un espace de confiance. 

Ces échanges ont ensuite ouvert sur une question essentielle : comment accompagner les publics pour que ces émotions deviennent un levier, et non un frein, au passage à l’action ?

Au cours du projet, 10 leviers ont été identifiés. Ils sont autant de pistes concrètes pour transformer une émotion en pouvoir d’agir. Parmi eux :

  • Valoriser les pratiques déjà mises en oeuvre pour montrer qu’elles comptent vraiment.
  • Créer des récits positifs pour contrer la résignation.
  • Commencer la mise en action durant l’activité pour amorcer un changement.
  • Donner des perspectives locales et concrètes pour rendre l’action accessible.
  • Les émotions favorisent l’engagement. L’exercice du poisson puant rend tangible l’expérience partagée du climat.
  • Les leviers transforment le ressenti en capacité d’agir. En reliant l’émotion à des actions claires, chacun·e retrouve une part de pouvoir.
  • La parole devient plus inclusive. Reconnaître la diversité des ressentis et des solutions ouvre un dialogue riche et équilibré.
  • Il n’y a pas d’émotions négatives. Les participant·es ont souligné que reconnaître la peur, la tristesse ou l’impuissance pouvait paradoxalement libérer une énergie d’espoir et d’envie d’agir, afin de les transformer en pistes d’action. 
  • Les professionnel·les présent·es ont souligné la force de cette approche. L’émotion n’affaiblit pas la parole scientifique : elle la rend plus humaine et mobilisatrice.
  • Proposez un temps pour exprimer les émotions, même avec un outil ludique.
  • Introduisez des leviers concrets pour relier le ressenti à l’action.
  • Valorisez le collectif : partager soulage et renforce la motivation.

Reconnaître les émotions face au changement climatique, c’est reconnaître la part humaine de la crise. C’est aussi ouvrir un chemin vers l’action collective.

Dans Come Together, nous avons appris que l’association d’outils émotionnels et de leviers concrets pour l’action crée une dynamique puissante qui donne à chacun·e la force d’avancer.

Formation Come Together

Formation “Climat & enjeux environnementaux : comment créer des activités pertinentes pour des adultes en situation d’exclusion ou de vulnérabilité ?”

Vous travaillez auprès de publics marginalisés ? Vous faites de la recherche sur le climat ou l’environnement ? Vous mettez en œuvre des animations scientifiques ? Venez croiser vos questionnements et savoir-faire lors de cette formation qui vous donnera les clés pour créer vos actions de médiation pour les publics éloignés.

Le projet répond au besoin d’une éducation au changement climatique socialement inclusive dans des contextes informels. Le projet vise à développer des actions de médiation scientifique / éducation informelle sur les enjeux climatiques et environnementaux auprès d’adultes en situation d’exclusion ou de vulnérabilité (socio-économiques, géographique, …).

Nous formerons des professionnel-le-s (médiateur-rice-s de centres scientifiques, travailleur-se-s sociaux), travaillant avec ces publics adultes à une approche d’écoute et de dialogue, via à des méthodes et pratiques innovantes.

© Formation École de la Médiation

Ressources Come Together

En cours d’élaboration…

Remerciements

Financé par Erasmus+, Come Together conçoit des méthodes et outils clés en main pour promouvoir la médiation scientifique autour du climat et des enjeux environnementaux auprès d’adultes vulnérables.

Chaque article part d’un apprentissage ou d’un test du projet, puis on en tire les enseignements. Ces ressources sont coconstruites grâce à l’expertise et à l’engagement des membres de nos espaces d’échanges – médiatrices, chercheurs, acteurs sociaux – que nous remercions sincèrement

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